La plupart des étudiants français choisissent de s’inscrire dans l’une des 14 universités francophones du Québec. De fait, la Belle Province pratique une politique d’accueil particulièrement dynamique. Pourtant, il est parfaitement possible de faire des études en français dans d’autres provinces canadiennes tout en vivant dans un environnement anglophone. “Le Canada tient à maintenir la balance entre les deux langues et de nombreux établissements universitaires font des efforts en ce sens”, souligne Miguel Robichaud, premier secrétaire à l’ambassade du Canada à Paris.
Comment présenter une demande d’admission ? Obtenir un permis d’études ? Quel est le montant des frais de scolarité pour les étudiants français ? Peut-on espérer décrocher une bourse ? Où se loger ? Comment obtenir un permis de travail ou rester au Canada après la fin de son cursus ?
Voici les réponses et les conseils de Miguel Robichaud et de Jacques-Henri Gagnon, chargé des relations universitaires à l’ambassade du Canada à Paris, accompagnés de nombreux liens vers des articles consacrés aux études au Canada par Courrier Expat ainsi que par notre partenaire Le Monde Campus.

Partir après le bac

Présenter une demande d’admission. La première chose à faire, pour un étudiant désireux de préparer en trois ou quatre ans un baccalauréat canadien (l’équivalent de la licence) est de choisir le programme auquel il veut s’inscrire pour pouvoir présenter une demande d’admission auprès d’un établissement d’enseignement postsecondaire. La lettre d’admission délivrée par l’université est indispensable pour obtenir un permis d’études auprès des services de l’immigration.
Le site EduCanada tient à jour un Répertoire des établissements d’enseignement au Canada. Le même site offre un outil de recherche sur les programmes d’études postsecondaires par profession visée et par province.
Chaque université canadienne définit ses propres critères d’admissibilité. Il faut donc impérativement se renseigner auprès de chaque établissement. Il est recommandé de présenter sa demande d’admission bien à l’avance – idéalement, un an à l’avance. “Mais beaucoup d’universités restent relativement souples, précise Jacques-Henri Gagnon. Un étudiant qui présente un très bon dossier en juillet peut même être admis pour la rentrée d’automne.”
Les sessions d’information du Centre culturel canadien. L’ambassade du Canada à Paris organise régulièrement des sessions d’information sur les études au Canada au Centre culturel canadien. “Il y a plus d’une centaine d’événements chaque année autour de ce thème, explique Jacques-Henri Gagnon. Le plus simple, pour un étudiant français qui veut s’inscrire dans une université canadienne, est de venir à l’un de ces événements. Les universités canadiennes se déplacent pour l’occasion. Les responsables des admissions sont là et il est tout à fait possible de repartir avec en poche sa lettre d’admission.”
Le système québécois. Le système postsecondaire québécois présente une spécificité : le passage par l’un des 48 collèges d’enseignement général et professionnel (Cégep) y est obligatoire, pour tous ceux qui ont fait leurs études secondaites au Québec, avant d’accéder à l’enseignement supérieur. Cette disposition ne concerne pas les étudiants français : le bac est reconnu comme le iplôme donnant directement accès à l’université.

Postuler en échange universitaire

De nombreux programmes d’échange. Un étudiant qui a commencé ses études en France peut bénéficier des très nombreux accords d’échanges passés entre les universités françaises et les établissements canadiens, y compris les universités anglophones. Il convient de se renseigner directement auprès du service des relations internationales de son université. “De nombreuses ententes existent entre établissements. Les étudiants français ne connaissent pas toujours les opportunités qui leur sont offertes, et pas seulement au Québec”, regrette Jacques-Henri Gagnon.
Parmi les programmes d’échanges les plus connus, le Bureau de coopération interuniversitaire (ex-programme Crepuq) a pour objectif de permettre aux étudiants français d’effectuer un semestre ou une année d’études au sein d’une université québécoise. Il est accessible à tout étudiant français qui a déjà effectué au moins une année d’études supérieures.
Les avantages. “Partir dans le cadre d’un programme d’échange présente un double avantage : d’une part, l’étudiant n’a pas à payer de frais de scolarité au Canada ; d’autre part, son université se charge souvent de la plupart des démarches administratives”, souligne Jacques-Henri Gagnon.
Attention : dans les universités anglophones, le TOEFL ou une attestation de niveau de langue sont souvent exigés.

Cursus et pédagogie

Le schéma des études postsecondaires au Canada présente certaines différences qu’il faut connaître avec celui des études supérieures en France. Le baccalauréat ou bachelor, qui équivaut à notre licence, se prépare généralement en quatre ans. Au Canada, on entre donc souvent en master en cinquième année d’études postsecondaires.
C’est surtout au niveau de la pédagogie mise en œuvre que les différences sont le plus marquées : apprentissage par problèmes, classe inversée et formation mixte sont en vogue dans un pays leader dans ces nouvelles méthodes d’apprentissage.
“Il y a très peu de cours magistraux, explique Jacques-Henri Gagnon. On travaille en équipe, par atelier, et on utilise beaucoup Internet et les nouvelles technologies de communication. Mais les professeurs sont toujours accessibles pour leurs étudiants dans leur bureau aux heures ouvrables. Au niveau du contrôle des connaissances, les enseignants ont une grande marge de manœuvre. Il y a en principe deux sessions d’examens, en automne et en hiver. Mais le contrôle continu et la participation sont largement pris en compte. Il y a une grande proximité entre étudiants et enseignants. Tout vise à l’acquisition de compétences et le maximum est fait pour que le jeune devienne autonome.”

Frais de scolarité et budget

Les frais de scolarité sont plus élevés au Canada que dans les universités françaises, mais étudier au Canada reste beaucoup moins onéreux, pour un étudiant français, qu’étudier aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni.
Au Québec. Depuis la rentrée 2015, les frais d’inscription ont augmenté pour les étudiants français qui s’inscrivent en premier cycle dans une université québécoise : ils paient désormais les mêmes droits que les Canadiens non québécois, soit un peu plus de 4 000 euros par an (les autres étudiants étrangers paient beaucoup plus cher !). Beaucoup de cursus offerts par les universités québécoises n’en restent pas moins attrayants pour les étudiants français. Un exemple parmi d’autres : le “Bachelor of commerce” de la prestigieuse faculté de Montréal, qui compte 17 % d’étudiants français.
La fourchette des frais de scolarité. Selon Jacques-Henri Gagnon, les frais de scolarité pour un étudiant français peuvent courir, selon les universités, de 6 000 à 12 000 dollars canadiens environ (de 4 000 à 8 000 euros). Mais là encore des ententes avantageuses du point de vue financier existent avec les universités françaises. C’est le cas à l’université d’Ottawa, qui pour attirer les francophones a décidé de baisser leurs frais de scolarité à 4 800 euros. Seule condition demandée par cet établissement de la capitale du Canada : que les étudiants choisissent au moins trois cours enseignés en français (neuf crédits) par session.
Coût de la vie. Il existe une différence importante au niveau du coût de la vie entre des métropoles telles que Toronto ou Montréal, relativement chères, et les villes moyennes. “Une étude de l’université du Nouveau-Brunswick montre que pour un étudiant français habitant en région il n’est pas plus coûteux de venir étudier dans cette province canadienne que de choisir d’étudier à Paris”, souligne Jacques-Henri Gagnon.
De son côté, Emma Roussel, coordinatrice des journées Etudier au Québec, assure que l’année passée au Québec revient tout compris à 15 000 euros (voyage, logement, inscription, vie quotidienne…), 20 000 euros à Montréal, soit “pas plus cher qu’une année d’études à Paris”.

Obtenir un permis d’études

Pas besoin de permis d’études pour un étudiant qui envisage de suivre un programme qui dure six mois ou moins. Dans les autres cas, le permis d’études, qui s’obtient auprès des services de l’immigration canadiens, est obligatoire.
Pour déposer en ligne une demande de permis d’études, il faut avoir été admis dans un “établissement d’enseignement désigné” (toutes les universités canadiennes figurent dans la liste) et avoir reçu sa lettre d’acceptation. Les délais de traitement peuvent varier en fonction du nombre de demandes. Pour les jeunes Français, il est en principe de deux semaines. Le permis d’études est accompagné de l’AVE indispensable pour les citoyens français.
Pour obtenir le permis d’études, l’étudiant doit prouver qu’il dispose d’assez d’argent pour couvrir les frais de sa première année de séjour au Canada, soit environ 10 000 dollars canadiens (6 600 euros). “Une attestation de ressources des parents, un extrait de compte en banque font l’affaire”, précise Miguel Robichaud.
Pour étudier au Québec. La province du Québec a une exigence supplémentaire : les étudiants étrangers qui souhaitent déposer une demande de permis d’études doivent auparavant obtenir un certificat d’acceptation du Québec (CAQauprès des Services d’immigration du Québec.
“La procédure peut sembler complexe, elle est en réalité très libérale, souligne Miguel Robichaud. L’étudiant qui veut faire ses quatre années complètes au Canada se verra accorder un permis d’études valable pour la durée totale de son séjour au Canada (pouvant aller jusqu’à cinq ans). Ce qui lui permettra de compléter son cursus ou même de changer d’orientation tout en restant au Canada.”

Les bourses

Les étudiants qui partent après le bac peuvent bénéficier de bourses octroyées par certains établissements canadiens. Certaines provinces, comme les provinces Atlantiques, l’Ontario, le Nouveau-Brunswick ont en outre pris des dispositions favorables aux étudiants francophones, y compris au niveau du premier cycle. Il faut s’informer directement auprès des universités.
Pour ceux qui partent en échange. Il existe plusieurs types d’aides : financements du conseil départemental, du conseil régional ou du Crous.
Pour les plus avancés. Plusieurs programmes de bourses canadiens, axés sur la recherche, sont ouverts aux étudiants français dès la dernière année de la licence comme les bourses Mitacs et Campus France. D’autres comme les bourses d’études supérieures du Canada Vanier s’adressent aux étudiants français au niveau du doctorat.

Trouver un logement

“Nous conseillons aux étudiants étrangers de se loger sur le campus, en résidence étudiante, la première année, explique Jacques-Henri Gagnon. L’université où ils sont inscrits pourra leur venir en aide dans tous les aspects de leur vie. En revanche, à partir de la deuxième année passée au Canada, nous conseillons une colocation en ville, toujours dans le but de favoriser la meilleure intégration possible. Le système fonctionne très bien au Canada, il n’y a pas besoin de garants et il est très bon marché.”
Ce choix est d’ailleurs celui de nombreux étudiants canadiens. Concernant la colocation, un reportage du quotidien La Presse atteste que jeunes Montréalais et étudiants expatriés vivent très bien l’expérience.
“A Montréal ou à Toronto, d’anciens hôtels ont été transformés en résidences étudiantes. C’est un nouveau service qui recueille un certain succès”, complète Jacques-Henri Gagnon. De toutes les grandes villes canadiennes, Montréal est par ailleurs celle qui affiche les loyers les plus bas : 760 dollars canadiens (520 euros) pour un appartement de quatre pièces.
A noter : tous les campus canadiens sont dotés d’un bureau médical très bien équipé.

Les jobs étudiants

Travailler sur le campus. Il est possible pour un étudiant étranger de travailler sur le campus de son université sans permis de travail, à condition d’être titulaire d’un permis d’études en cours de validité. Seule obligation : faire une demande de numéro d’assurance sociale (NAS).
Travailler hors campus. Un étudiant étranger titulaire d’un permis d’études peut travailler 20 heures par semaine hors campus sans avoir besoin d’un permis de travail. Le numéro d’assurance sociale est indispensable. “Le marché du travail est très souple, assure Miguel Robichaud. Une entreprise qui veut employer un étudiant étranger n’a aucune démarche spécifique à effectuer. Un étudiant francophone n’aura pas de difficulté à trouver un job d’étudiant. Attention, si vous êtes parti en touriste, ne comptez pas travailler au Canada. Le permis d’études est indispensable.”
Travailler dans le cadre d’un stage. De nombreux collèges et universités canadiens proposent des programmes de stages en alternance pour ajouter au cursus une expérience en entreprise. Les étudiants étrangers souhaitant s’inscrire à un programme coopératif ou à un programme de stage doivent obligatoirement demander un permis de travail en plus du permis d’études. “C’est un malentendu fréquent avec les étudiants : au Canada, un stage effectué en cours d’études est assimilé à un travail et un permis de travail est nécessaire”, souligne Miguel Robichaud.
Les étudiants étrangers partis dans le cadre d’un programme d’échange ne sont en revanche pas autorisés à travailler durant leur séjour.
A noter : les conjoints d’étudiants titulaires d’un permis d’études ont le droit de travailler au Canada durant toute la durée du permis d’études accordé au titulaire. C’est l’une des raisons qui font qu’étudiants étrangers – y compris les étudiants français – sont de plus en plus nombreux à partir avec leur conjoint, témoigne Miguel Robichaud.

Rester au Canada après ses études

Le Canada cherche à retenir les étudiants étrangers qui ont fait au moins une partie de leurs études dans le pays. Il est possible d’obtenir un permis de travail postdiplôme et même de faire une demande de résidence permanente sans avoir à quitter le Canada.
Le permis de travail postdiplôme. Sa durée de validité ne peut pas excéder celle du programme d’études suivi : au terme de huit mois d’études, par exemple, un permis de travail sera accordé pour huit mois. Sa durée maximale est de trois ans. L’expérience acquise sera prise en compte en cas de demande de résidence permanente.
Devenir résident permanent. Depuis novembre 2016, le programme Entrée Express, qui s’adresse aux étrangers désireux d’immigrer, est devenu plus favorable à ceux qui ont suivi des études au Canada : chaque crédit d’études et chaque diplôme obtenu sont désormais reconnus et permettent d’acquérir des points supplémentaires.
Pour finir, Rénald Gilbert, directeur du programme de l’immigration à l’ambassade du Canada à Paris, dresse le portrait-robot de l’immigrant français au Canada : il est jeune, il a fait de bonnes études et il a déjà tissé des liens avec l’importance communauté française au Canada.